Chance rare, une petite délégation du village a pu se rendre en juillet 2008, dans une fonderie à Annecy, afin d’assister en direct à la naissance de la nouvelle cloche de l’église. Retour sur la création pas banal de cet instrument pourtant si familier…
Pourquoi
En 1922, Marthille comportait trois cloches : Marie, Jeanne d’Arc et Thérèse, qui pesaient respectivement 997, 704 et 485 kg… Toujours est-il qu’en 1944, elles furent descendues du clocher par les Allemands. Retrouvées en mai 1945 dans une fonderie d’Allemagne, elles furent rapportées par l’armée. Malheureusement, Thérèse, plus petite et plus fragile, a été, au vu des événements, assez endommagée… Malgré tout, elle ne sera pas remplacée.
Les volées quotidiennes et l’usure du temps ont agravé l’état de la cloche qui présentait en dernier une fêlure de 80 centimètres. Il y avait donc un risque.
La décision
Jusqu’à ce que le 3 août 2007, le conseil municipal, conscient du risque que représentait cette pauvre vieille cloche, vote l’achat d’une remplaçante…
La décision prise, commande est passée aux établissements Bodet, qui assurent la maintenance du clocher. La naissance de la nouvelle cloche est alors programmée pour mi-juillet, dans les ateliers de la fonderie Paccard, de Sévrier dans la banlieue d’Annecy.
La coulée
Et quelques chanceux ont eu l’opportunité d’assister à cet heureux événement !
Une quinzaine de personnes, le maire, des conseillers municipaux et leur famille, et le curé desservant la paroisse, se sont donc rendus sur place. Ils ont ainsi pu, avant la coulée, visionner un film expliquant la fabrication du moule, procédé propre à la fabrication de chaque cloche, quelle que soit sa taille.
Petite explication technique : l’opération se déroule en trois phases, car le moule est composé de trois parties distinctes : le noyau, la fausse cloche, et la chape.
- Le noyau est la partie du moule qui représente l’intérieur de la cloche. Il est construit en briques habilement disposées, cerclées avec du fil de fer et recouvert d’argile.
- La fausse cloche, en terre friable, représente la cloche elle-même, et tient provisoirement sa place. C’est sur cette partie que l’on place les ornementations et les inscriptions. Ces empreintes sont en cire et en relief.
- Enfin, la chape est la partie supérieure qui va recouvrir la fausse cloche. Elle est également en terre et formée de couches successives.
On procède ensuite à la cuisson du moule, opération qui fera fondre la cire, dont les empreintes resteront en creux. La fausse cloche n’étant utile que pour la fabrication de la chape, il faut alors l’enlever. On soulève donc la chape, la fausse cloche est brisée, est la chape est replacée sur le noyau. Il reste donc un vide, que viendra occuper le métal en fusion lors de la coulée. Le métal en question, composé de 78 % de cuivre et de 22 % d’étain, est porté à 1 012 degrés. Avec la coulée se termine le processus de fabrication.
La bénédiction
L’église était remplie ce jour là.
Une vidéo montrant de quelle manière l’objet a été conçu a été projetée avant le début de la messe.
Le curé desservant la paroisse, qui concélébrait pour l’occasion avec le chanoine Paul Holveck et l’ archiprêtre de Château-Salins, a rappelé à quel point les cloches jouent un rôle dans la société humaine, annonçant les événements heureux ou pénibles. «En écoutant les cloches, nous nous rappelons que nous appartenons à une famille » a ajouté l’abbé Bence.
Il a fallu 57 secondes pour que “Thérèse” prenne forme dans son moule en juillet dernier » a complété Patrick Bence
Le poids et le coût
Constatant à quel point Thérèse devenait un danger, le conseil municipal a sollicité une aide financière.
La toute nouvelle cloche, composée de cuivre et d’étain, pèse 520 kg, les deux autres, Marie et Jeanne d’Arc, ont un poids respectif de 997 et 704 kg.
La commune a pu bénéficier d’une dotation globale d’équipement à hauteur de 51 % du montant des travaux, ce qui représente une somme de 7 900 €.
Le hissage
La cloche dont le battant a été activé en douceur pendant la messe, a été hissée par la société Bodet, basée à Saint-Nicolas-de-Port, au sommet du clocher qui lui, date de 1888.
Hissée avec précaution par les spécialistes de la société, la cloche a été élevée à l’intérieur du clocher via un ingénieux système de treuil. «Je m’appelle Thérèse, je remplace ma grande sœur endommagée … » ce texte gravé, précise qu’elle a été bénie par Mgr Raffin, et que le curé de la paroisse est Patrick Bence et le maire Gérard Hiéronimus.
L’ancienne cloche a quant à elle fait ses adieux au village et devrait être fondue.
La surprise
« Thérèse » a émis son premier gong, pour le plus grand plaisir de tous.
Surprise lors du samedi suivant, à l’Angélus. En effet, lors du changement de l’horloge, les élus ont demandé la programmation de “l’Ave Maria” à chaque fin de semaine.